Désir d’enfant : les questions que se posent les femmes?
EXPERT
@ Paola Scemana-Ittah
(Spiritual Coach, neuropsychologue)
@Agathe Mayer
Rédactrice Psycho-Santé
La grossesse est un moment clé dans une vie et l’appréhender n’est pas toujours évident. Le désir d’enfant amène de nombreuses femmes à se poser irrémédiablement la question « est-ce le bon moment ». Est-ce qu’il existe réellement un timing parfait pour faire un enfant ?
Paola Scemama-Ittah, neuropsychologue et coach neuro-émotionnelle fait le point pour décrypter cette interrogation et dévoiler tout ce qu’elle sous-entend pour les femmes. Cette question générique soulève en réalité le rapport que la femme entretient avec son corps, son couple, son environnement professionnel et sa vie sociale.
LE DÉSIR D’ENFANT ET LE CORPS
Animée par son désir d’enfant, la femme est confrontée à une réalité physique. Elle va devoir affronter des changements radicaux de son corps. Accepter un autre regard de son conjoint, de ses amis. La grossesse, l’accouchement, l’allaitement, tous ces moments auront des implications dans sa vie quotidienne et celle de son couple. « Toutes les femmes n’ont pas le même rapport à leur corps », explique Paola Scemama-Ittah.
« Pour certaines d’entres elles, celles qui ont grandi avec l’idée qu’une femme ne doit être que mince, ou qui ne se définissent que par leur corps, accepter son changement est très compliqué », rappelle la neuropsychologue.
Pour répondre plus sereinement à cette problématique, la neuropsychologue propose des solutions. Vous êtes angoissée à l’idée de prendre du poids, il existe des nutritionnistes spécialisés qui peuvent vous accompagner et vous aider à ne pas transformer votre grossesse en kilos en trop. Une consultation avec un thérapeute pourra aussi débloquer des craintes plus profondes.
L’accouchement vous angoisse, et vous n’arrivez pas à vous défaire de toutes les idées (positives ou négatives) que vous vous en faites ? Les forceps, les déchirures de l’épisiotomie, les fuites urinaires, la rééducation du périnée sont des freins à la grossesse. « Il faut prendre du recul par rapport à ces questions et ne pas focaliser sur ce qui vous stress. Toutes les femmes ne sont pas en souffrance pendant l’accouchement », explique Paola Scemama-Ittah.
« Pour appréhender sereinement cette phase de la grossesse, il est recommandé de poser toutes les questions qui vous hantent à votre gynécologue pour avoir de vraies réponses et ne pas fantasmer sur les forums d’Internet », rappelle la neuropsychologue.
CE CORPS MODIFIÉ VA-T-IL TRANSFORMER LA SEXUALITÉ DU COUPLE ?
Cette question clé est souvent posée par des amoureux qui désirent un enfant et les inquiète. « Il ne faut pas être fataliste », explique la neuropsychologue.
« La sexualité nous appartient, c’est au ménage de prendre position et de fabriquer sa vie ».
Si le couple est solide et qu’il vit une sexualité complice et heureuse, la période de la grossesse peut s’apprivoiser différemment. La femme change de rôle. Et son conjoint l’accompagne. En aucun cas la maternité est un frein à une sexualité épanouie. « Attention », rappelle Paola. « La grossesse peut devenir un alibi pour éviter les contacts physiques et les rapports sexuels ».
Après l’accouchement, la femme se met dans un rôle de mère et peut ne pas arriver à le jumeler avec celui de maîtresse. Cette situation peut exclure le conjoint et réduire les relations sexuelles à néant. Or, la sexualité est indispensable pour l’épanouissement du couple et de la future mère.
“ Si le désir est altéré, il est nécessaire de se pencher sur les vraies causes”, conclut la neuropsychologue.
LE DÉSIR D’ENFANT ET LE RAPPORT AU TRAVAIL ET À L’ARGENT
La problématique du bon moment se pose aussi largement avec le travail.
«Il n’y aura jamais de moment parfait pour faire un enfant», explique la neuro-psychologue.
Une femme qui désire avoir un enfant et qui est attachée à sa carrière professionnelle devra dépasser cette question pour s’interroger autrement. « Il est important de savoir si on est prêt à ce que les choses changent et à analyser les bienfaits que va apporter la maternité et les mettre en parallèle avec la réussite ». Toutefois, avoir des enfants n’entache pas forcément la vie professionnelle et il existe des solutions logistiques (qui ne feront pas de vous une mauvaise mère) qui simplifient la vie de femme active et mère.
Est-ce le bon moment financièrement d’avoir un enfant ? Les dépenses vont irrémédiablement augmenter. « On ne peut pas dire qu’avoir un enfant ne changera pas les choses. Ce n’est pas un investissement à long terme. Il faut donc réellement analyser ce que représente pour vous votre confort de vie et quel sacrifice cela représente de le perdre ? », explique Paola Scemama-Ittah. « C’est ce que les thérapeutes appellent la psychologie du sacrifice ».
LE DÉSIR D’ENFANT ET LA VIE SOCIALE ?
La maternité peut-être un alibi pour s’exclure de la vie sociale mais n’est en aucun cas la cause directe de l’isolement. « Comme pour la sexualité, certaines femmes prennent comme excuse leur maternité pour s’enfermer dans un monde fusionnel. Ce repli de la vie sociale n’est pas une solution épanouissante pour le couple », explique Paola qui rappelle que « ne sont pas de mauvaises mères, les femmes qui profitent encore des plaisirs de la vie ».
Les solutions existent et les couples motivés pour avoir une vie de parents équilibrée débordent d’imaginations pour adapter leur nouvelle vie.
LE DÉSIR D’ENFANT ET LE STRESS DE DEVENIR MÈRE ?
On ne peut pas prévoir les émotions que nous allons vivre et qui on va devenir en devenant mère, son rapport à l’enfant.
Beaucoup de femmes se posent la question de la maternité. Suis-je faite pour cela ? Ai-je l’instinct maternel ? Vais-je reproduire le schéma de ma famille imparfaite ? Pourquoi fais-je un enfant ? Des interrogations qui peuvent générer du stress.
Mais attention à ce que ce stress ne devienne trop envahissant (lire “Le stress, un frein à la fertilité féminine”), car il est un bloqueur de la fertilité. Il peut empêcher la grossesse. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 30% de couples infertiles n’ont pas de réponses claires à leur incapacité à faire un enfant.
Dès qu’un stress profond apparaît, il est recommandé de consulter un thérapeute pour apprendre à le canaliser, pour préparer au mieux la grossesse et éviter de le transmettre au bébé. « Les femmes inquiètes par la maternité n’arrivent à pas à lâcher prise et laisser parler leur désir d’enfant. Elles s’interrogent sur leur instinct maternel, leur capacité à créer un foyer parfait, à ne pas reproduire les écueils de leur propre famille », explique Paola Scemama-Ittah. « Or, l’instinct maternel ne se vérifie qu’à la naissance de l’enfant et peut se trouver s’il est inexistant. Mais, on peut apprendre avec la thérapie à devenir vulnérable à son enfant », rassure la psychologue.
Il n’y aura jamais de moment parfait. Pour vivre la maternité en toute sérénité, chaque femme doit regarder sa vie avec plénitude, et accepter de lâcher prise pour devenir attentive à son enfant.
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