N’affrontez plus seule votre endométriose !
EXPERT
@ Docteur Véronique Bied Damon
(Gynécologue-Obstétricien)
@Victoria Louvel
Rédactrice Santé
L’endométriose était encore méconnue hier. Aujourd’hui, la parole des femmes se libère peu à peu à son sujet, permettant à l’information de circuler et à la sensibilisation de faire ses preuves. Tout savoir sur l’endométriose, en particulier lorsqu’on souhaite devenir mère : tel est l’objectif de cet article.
L’ENDOMÉTRIOSE : QU’EST-CE-QUE C’EST ?
Il s’agit d’une maladie gynécologique répandue, puisqu’elle concerne 10% des femmes (soit plus de 200 millions de femmes touchées à-travers le monde).
> Rappel biologique pour bien comprendre
L’endomètre est une muqueuse qui tapisse l’utérus en différentes couches. Sa vocation première est de permettre à l’ovule fécondé de s’implanter dans l’utérus et d’y rester bien accroché de manière à se développer pendant 9 mois. En réalité, selon la période du cycle menstruel, l’endomètre se modifie considérablement : lors de l’ovulation, notamment, les cellules qui le composent se multiplient afin de préparer l’utérus à accueillir une éventuelle grossesse. Si ce n’est pas le cas, une portion de ces cellules également appelée tissu endométrial ou utérin, se détache et s’évacue, provoquant un saignement en se détruisant : ce sont les règles.
> Et l’endométriose, dans tout cela ?
Lors de l’évacuation du tissu utérin, certaines cellules ne s’évacuent pas, mais migrent vers d’autres organes sur lesquels elles s’installent, telle une « greffe d’endomètre ». Ces organes sont généralement proches de la cavité utérine : trompes de Fallope, ovaires, vagin, jusqu’à la vessie, l’intestin, le diaphragme, le rectum… Mais aussi, dans certains cas plus rares, des organes plus lointains comme les poumons. L’endométriose peut concerner l’un de ces organes ou plusieurs, en fonction des différents endroits où les cellules ont migré. Ces portions de tissu endométrial ne s’étant anormalement pas détruites, elles continuent de se développer au rythme des cycles menstruels comme elles le feraient sur la paroi de l’utérus, leur lieu d’origine.
QUELS SONT LES EFFETS DE L’ENDOMÉTRIOSE ?
Ces portions de cellules continuent de proliférer et de se modifier, en fonction de la période du cycle qui se présente, puisqu’elles sont naturellement programmées pour se comporter ainsi. Mais elles ne le font pas normalement puisqu’elles auraient dû être détruites lors de leur évacuation, et sont actives à un endroit inadapté pour elles. Par conséquent, elles provoquent des lésions sur chaque organe où elles se sont installées.
Ces lésions sont généralement très douloureuses pour les femmes qui les subissent. Le symptôme le plus connu de l’endométriose est d’ailleurs cette douleur pelvienne particulièrement intense voire insupportable selon les cas, au moment des règles : les cellules endométriales composant ces lésions se multipliant et saignant lors de cette période, et laissant des cicatrices dites fibreuses, en fin de règles. En dehors des règles, les douleurs peuvent parfois se faire ressentir, notamment lors des rapports sexuels ou des passages aux toilettes, en fonction des endroits où le tissu endométrial a migré.
Au-delà de ces effets invalidants voire handicapants, l’endométriose a aussi, par conséquent, des effets négatifs sur la vie personnelle, professionnelle et sociale des femmes qui en sont atteintes.
ENDOMÉTRIOSE : QUELS SONT SES IMPACTS SUR LA FERTILITÉ ?
Dans certains cas, cette maladie est asymptomatique. Les patientes découvrent donc leur endométriose à la suite d’une consultation planifiée, officiellement, à cause des difficultés qu’elles rencontrent à concevoir un enfant. La raison de l’infertilité ne fait alors plus aucun doute puisque la majorité des femmes atteintes d’endométriose présentent des troubles de la fertilité.
Pourquoi ?
La cause la plus « logique » réside dans la nature même de l’endométriose : selon l’environnement où les lésions ont migré, elles représentent inévitablement un frein au travail des organes reproducteurs. Au fonctionnement des trompes, par exemple, si une lésion est située sur l’une d’elles. En cas de tissu endométrial « greffé » sur un ovaire, la réserve ovarienne risque d’être altérée, provoquant alors un trouble de l’ovulation. Un déséquilibre entre progestérone et œstrogènes, au profit de ces derniers, survient alors. Ce surplus oestrogénique tend à encourager le développement de la muqueuse endométriale, et donc de l’endométriose.
Certains mécanismes plus complexes de la maladie, encore à l’étude par les chercheurs, altèrent également le développement des follicules (futurs ovules).
COMMENT AMÉLIORER SA FERTILITÉ FACE À L’ENDOMÉTRIOSE ?
Plusieurs solutions existent, en fonction du stade de la maladie (attention : le terme de stade ne correspond pas, dans ce contexte, à un degré d’avancement ou d’évolution de la maladie comme on l’emploie par ailleurs pour d’autres maux. Il se substitue au mot « type », également utilisé pour qualifier les différents « niveaux » d’endométriose).
> Les solutions pour les endométrioses légères (stades 1 et 2)
La première étape avant que le médecin ne détermine le traitement le plus adapté, est de passer un bilan d’expansion des lésions par IRM ou une coelioscopie (qui se déroule sous anesthésie générale). « S’il s’avère que les trompes sont perméables, on tente alors de stimuler les ovaires par le biais d’injections d’hormones : FSH recombinante ou HMG », décrit la gynécologue Véronique Bied Damon, qui prévient : « On ne pratique pas la stimulation ovarienne trop longtemps car à terme, elle présente le risque de développer davantage l’endométriose, à force de stimuler l’endomètre. C’est pourquoi nous réservons cette solution aux femmes âgées de moins de 35 ans, atteintes d’endométriose légère. »
Selon l’efficacité de ces premières stimulations, la prise de progestatifs peut être prescrite. « Les objectifs de ce traitement à base de progestérone sont multiples : refroidir les lésions, supprimer toute source d’œstrogènes, freiner l’endométriose et augmenter les chances de réponse ovarienne aux stimulations qui suivront. Pendant 3 mois minimum, les organes reproducteurs sont alors en ménopause artificielle. Une fois les lésions refroidies et les risques de développement de l’endométriose écartés, la stimulation ovarienne peut reprendre. »
> Les solutions pour les endométrioses lourdes (stades 3 et 4)
Le refroidissement des lésions précédemment décrit, est incontournable. Sauf si les trompes sont bouchées : « Dans ce cas, la FIV est préconisée », relate Véronique Bied Damon qui résume : « Plus l’endométriose est évolutive et inflammatoire, plus nous orientons vers la FIV. En effet, un pelvis inflammatoire est rarement favorable à une fécondation spontanée. De plus, la stimulation ovarienne peut s’avérer très douloureuse pour les femmes atteintes d’endométriose lourde. »
La FIV est donc le recours le plus sûr pour ces dernières lorsqu’elles souhaitent devenir mères.
Par ailleurs, l’opération chirurgicale pour retirer les lésions est une solution accessible à tous les stades de la maladie. Néanmoins, elle n’est pas systématique car dépendante des organes touchés par les lésions : « En cas d’endométriose située sur l’ovaire, il est préférable de ne pas trop opérer car cela risque d’entraîner une baisse de la réserve ovarienne. En revanche, la chirurgie est fort utile pour les autres organes touchés. »
L’endométriose est une maladie éprouvante physiquement, mais également psychologiquement. « Si le vécu est difficile, il faut oser en parler à son médecin pour qu’il puisse mettre en place tout ce qui est approprié. La maladie est plurifactorielle et l’un de ces facteurs, même s’il est moindre, est psychologique. Il ne faut donc pas être seule pour l’affronter », encourage Véronique Bied Damon en conclusion.
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